Cas particulier : Avortement sélectif (réduction embryonnaire et interruption sélective de grossesse)

Avortement sélectif

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De quoi s'agit-il ?

  • Un « avortement sélectif » est pratiqué dans de très rares cas, lors d’une grossesse multiple (jumeaux ou triplés par exemple). Deux cas de figures existent : la réduction embryonnaire et l’interruption sélective de grossesse.
  • Cette pratique consiste à sélectionner et avorter un ou plusieurs fœtus. La grossesse se poursuit avec le ou les enfant(s) restant(s), à moins que l’intervention n’ait entraîné des complications.
  • Une réduction embryonnaire peut être réalisée lors d’une grossesse multiple de haut rang (triplés ou plus), dans le cas où celle-ci met en danger la santé de la mère ou des enfants.
  • Une interruption sélective de grossesse (également appelée « fœticide sélectif ») peut avoir lieu après la détection d’un problème grave lors d’un diagnostic prénatal (DPN). Un tel diagnostic n’est parfois posé qu’assez tard dans la grossesse, il s’agit donc souvent d’interruptions de grossesse tardives.

Ton médecin a peut-être évoqué l’idée d’un avortement sélectif et tu ne sais pas ce que c’est, ni que faire ? Dans une telle situation, il est conseillé de ne pas rester seule et de réfléchir calmement aux différentes options possibles. C’est de toi dont il s’agit, et d’une décision avec laquelle tu dois te sentir bien. 💚

Suggestion : ⚖️ Avorter ou non ? – Faire le test IVG

Qu'est-ce qu'un avortement sélectif ?

En France, l’avortement sélectif est pratiqué dans le cas d’une grossesse multiple devant en principe être menée jusqu’à terme. Il existe deux types bien distincts d’avortement sélectif : la réduction embryonnaire et l’interruption sélective de grossesse. Tu te trouves peut-être dans l’une de ces situations, nous t’expliquons donc ci-dessous en quoi consistent ces deux pratiques.

1. La réduction embryonnaire en raison d’un nombre de fœtus élevé

Un avortement sélectif est parfois envisagé dans le cas de grossesses multiples de haut rang (quadruplés, quintuplés, etc.). C’est ce qu’on appelle une réduction embryonnaire ou interruption volontaire partielle de grossesse. Ces grossesses multiples ne sont pas rares dans le cas d’une fécondation in vitro (FIV), mais peuvent également survenir de manière naturelle. Il est compréhensible qu’une grossesse multiple puisse inquiéter les parents. Certains couples, se sentant dépassés par la situation, réfléchissent à recourir à une réduction embryonnaire.

Depuis la loi du 2 août 2021, une réduction embryonnaire n’est possible en France qu’après avis de deux médecins et uniquement si la grossesse met en péril la santé de la mère ou de l’un des enfants.

👩‍👧‍👦 Tu pensais avoir un seul enfant et tu en attends en fait plusieurs ? Cette nouvelle inattendue te bouleverse et tu te demandes si tu auras la force de gérer plusieurs enfants ? Ou bien tu es à la recherche d’un médecin qui s’y connaît en grossesse multiple et en qui tu peux avoir confiance ?

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2. L’interruption sélective de grossesse (ou fœticide sélectif) à la suite d’un diagnostic prénatal

On peut avoir recours à une interruption sélective de grossesse lorsqu’une anomalie est détectée au cours du diagnostic prénatal. Statistiquement, pour une grossesse gémellaire sur 20, on estime après un diagnostic prénatal qu’un ou plusieurs enfants peuvent présenter une anomalie. Lors de l'interruption sélective de grossesse, on sélectionne donc l’enfant concerné par ce diagnostic.

Cependant, il arrive régulièrement que cette suspicion d’anomalie soit infondée et que le résultat ne soit pas aussi grave qu’on le pensait, ou même qu’il y ait une erreur de diagnostic.

ℹ️ Cette pratique est aussi appelée « fœticide sélectif ». Cela consiste à injecter une substance « fœticide », c’est-à-dire une substance qui entraîne la mort du fœtus. Certains médecins ne pratiquent pas le fœticide sélectif pour des raisons éthiques ou bien à cause du danger non négligeable pour les enfants sains.

🤰🏻Ton médecin a peut-être décelé des anomalies chez un des enfants à naître, tu te poses beaucoup de questions et tu t’inquiètes ?

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Diagnostic et délais

Réduction embryonnaire

Dans le cas de grossesses multiples de haut rang (triplés ou plus), il peut arriver que l’on envisage une réduction embryonnaire dès les premières semaines de grossesse. Les délais sont les mêmes que ceux de l’IVG, soit 14 semaines de grossesse.

Interruption sélective de grossesse ou fœticide sélectif

L'interruption sélective de grossesse n’est envisagée que plus tard dans la grossesse, le plus souvent lors de l’échographie du 2e trimestre qui permet de vérifier le développement de l’enfant et de détecter d’éventuelles anomalies. À ce moment-là, l’enfant est souvent déjà viable hors de l’utérus.

En général, une interruption sélective de grossesse a donc lieu à un stade avancé de la grossesse, ce qui en fait un avortement tardif.

Un avortement à ce stade de la grossesse n’est possible que s’il s’agit d’une interruption médicale de grossesse (IMG), c’est-à-dire s’il y a une raison médicale. En d’autres termes, le médecin estime que la santé physique ou psychique de la mère pourrait être mise en danger par la grossesse ou l’accouchement.

Un bouleversement émotionnel

L’idée d’un avortement sélectif peut déclencher d’innombrables pensées et peurs. Le cœur et l’âme se retrouvent ainsi dans un état d’agitation émotionnelle. La femme a le droit d’obtenir toute forme d'aide ou de conseil et de prendre le temps dont elle a besoin.

À ce moment-là, les premières semaines « critiques » de la grossesse sont passées, on commence à se projeter dans la période après la naissance. En même temps, le lien émotionnel se renforce.

Des questions angoissantes surgissent, on se demande que faire de toutes ces nouvelles informations. Les personnes concernées se sentent parfois littéralement pétrifiées ou abandonnées. C’est une réaction tout à fait compréhensible, compte tenu de l’immense charge mentale que cela représente.

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Déroulement d'un avortement sélectif

Pour la réduction embryonnaire comme pour le fœticide sélectif, la technique la plus utilisée est l’injection de chlorure de potassium (KCl) ou de lidocaïne.

  • Lors du fœticide sélectif, une échographie permet de repérer l’enfant « atteint ». S’il s’agit d’une réduction embryonnaire et donc que tous les enfants sont sains, le médecin sélectionne en général le plus petit ou celui qui est le plus accessible depuis la paroi abdominale (s’ils font tous la même taille).

  • Le médecin insère une aiguille à travers la paroi abdominale (ou, parfois, par voie vaginale) dans le cordon ombilical ou directement dans le cœur de l’enfant. La plupart du temps, on administre d’abord un antidouleur puis le chlorure de potassium ou la lidocaïne, qui stoppe l’activité cardiaque de l’enfant.

  • L’enfant sans vie reste ensuite dans l’utérus. Il est absorbé par le corps de la mère, si l’intervention a lieu en début de grossesse, ou sera évacué lors de l’accouchement. On renonce à « aller le chercher », pour ne pas prendre le risque de provoquer une fausse couche ou une naissance prématurée des autres enfants.

⚠️ Comme il s’agit d’une intervention médicale invasive du fait de l’injection, l’avortement sélectif comporte toujours le risque de provoquer involontairement une fausse couche ou un accouchement prématuré (comme pour toute intervention invasive). Il existe donc également un risque élevé pour les enfants à naître.

Dans le cas de grossesses gémellaire monochoriales (les jumeaux partagent le même placenta), l’injection de chlorure de potassium ou de lidocaïne n’est pas possible. Plusieurs techniques peuvent alors être utilisées, afin d’obtenir une occlusion du cordon ombilical du jumeau atteint.

Une étape importante : se faire conseiller

À partir du moment où un avortement sélectif est envisagé, questions et pensées jaillissent de toute part. Malgré le choc initial, tu ressens peut-être aussi le besoin timide de commencer par te pencher sur le diagnostic encore inconnu de ton enfant ou de ta grossesse multiple. Peut-être aimerais-tu avoir plus d’informations à ce sujet.

  • Comment gérer autant d’enfants ou bien un enfant handicapé ? Vais-je réussir ?

  • Comment décider lequel de mes enfants pourra vivre ou non ? Suis-je capable, ou même ai-je le droit d’en décider ?

  • Qu’arrivera-t-il à l’enfant qui survit ? S’en apercevra-t-il ?

  • Et que se passera-t-il si je fais ensuite une fausse couche et que tous mes enfants meurent ?

Quel que soit ce qui te préoccupe dans cette situation : c’est à toi que revient la décision finale. Même si tu reçois de toute part différents conseils, n’hésite pas à suivre ton intuition et ton cœur.

Dans tous les cas, tu as droit à un bon accompagnement médical et tu as toujours la possibilité de demander l’avis d’un deuxième médecin.

Si tu sens que l’avortement n’est pas la bonne voie pour toi, mais que tu te sens complètement dépassée par les événements, sache qu’il existe diverses possibilités d’aides et soutien au quotidien. Certaines femmes racontent également que la vie avec un enfant à besoins spécifiques peut être très enrichissante.

Si tu es concernée par le sujet, n’hésite pas à demander conseil et à te faire aider. Tu peux essayer de te poser et de petit à petit mettre de l'ordre dans tes idées et accueillir ce que tu ressens, afin de trouver une voie qui te permette de suivre ton cœur et ta raison.

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