Dans une situation difficile : Avortement anonyme

Avortement anonyme

1196187574 | fizkes | shutterstock.com

Peut-on avorter sans que personne ne le sache ?

  • Tout au long du parcours d’interruption de grossesse, les médecins et autres professionnels concernés sont tenus à un devoir de confidentialité particulier.
  • Il est aussi possible de demander à réaliser un avortement de manière anonyme. En théorie, une femme peut donc avorter sans que l’entourage ne l’apprenne.
  • Beaucoup de femmes ressentent cependant le besoin de se confier à quelqu’un.


Peut-on avorter de manière anonyme ?

La question de l'avortement anonyme doit être abordée à deux niveaux : officiel et privé.

Du côté officiel : secret médical et demande d’anonymat

Certaines personnes « officielles » vont forcément être informées de l’avortement :

  • La sage-femme ou le gynécologue qui confirme la grossesse et réalise la consultation de contrôle après l’avortement.

  • La conseillère conjugale et familiale qui procède à l’entretien psycho-social préalable à l’IVG. Si tu réfléchis à un avortement, tu as en effet le droit de te faire conseiller de manière approfondie. Cet entretien est obligatoire si tu es mineure, et proposé si tu es majeure. Cela te permet de t’informer davantage, d’obtenir un soutien psychologique, une assistance sur le plan social et des conseils appropriés à ta situation.

  • Le médecin ou la sage-femme qui réalise l’interruption de grossesse.

🤐 Toutes ces personnes sont tenues au secret professionnel et ne sont donc pas autorisées à transmettre des informations à un tiers sans ton consentement (article L1110-4 du Code de la santé publique). Les documents relatifs à l’IVG sont dans tous les cas anonymisés par les services administratifs de l’Assurance maladie (article D. 132-5 du Code de sécurité sociale).

Si une femme souhaite que l’IVG soit anonyme, elle peut demander lors de la 1e consultation au gynécologue ou à la sage-femme d’anonymiser les prescriptions et tous les autres documents, avant même qu’ils ne soient transmis à l’Assurance maladie (dans ce cas, un code d'anonymisation remplace le nom de la femme).

Il est donc possible d’avorter sans que personne de l’entourage n’en soit informé et de garder l’avortement secret, du moins au niveau officiel. La femme concernée peut donc décider elle-même à qui elle veut parler de son interruption de grossesse ou non.

ℹ️ Pour un arrêt de travail en raison d’une interruption de grossesse, l’employeur n’est informé que de l’absence de la salariée et non du motif (procédure habituelle pour les arrêts de travail).
Le médecin qui a pratiqué l'interruption de grossesse inscrit l’acte dans le dossier médical, comme pour toute intervention. (Les femmes mineures peuvent cependant refuser que l’IVG soit mentionnée dans leur dossier médical.) Les informations contenues dans ce dossier sont protégées par le secret médical et ne sont accessibles que par l’équipe médicale qui intervient directement dans la prise en charge. Les autres médecins ou établissements de santé ne peuvent pas consulter ces informations sans l’accord de la patiente. L’accès à ces informations pourrait cependant s’avérer utile pour des raisons médicales, par exemple en cas de grossesse future.

Du côté privé : secret et vérité

Est-il possible de cacher un avortement à son partenaire, à ses enfants ou à d'autres proches et amis ? La question reste ouverte. Selon le degré d'intimité des relations, l'entourage proche se doutera probablement qu'il s'est passé quelque chose, même sans forcément penser à un avortement.

Si tu es enceinte et que tu envisages de garder le secret vis-à-vis de tes proches, il est important d’en avoir conscience.

Il est aussi important de réfléchir à ce que cela te ferait de porter seule ce secret. La difficulté c’est qu’il n’est pas toujours possible de savoir d’avance comment tu te sentiras. Mais si tu as l’impression qu’un avortement te préoccuperait, cela vaut la peine de prêter attention à ces inquiétudes.

Interruption de grossesse anonyme pour les mineures ?

Tu ne veux peut-être pas que tes parents apprennent que tu es enceinte et tu cherches donc un moyen d’avorter de façon anonyme ? En principe, une femme mineure doit obtenir l’accord d’un de ses parents (ou de son représentant légal) pour pouvoir avorter. Si elle ne souhaite pas ou ne peut pas le faire, cela est discuté au cours de l’entretien psychosocial. S’il n’est tout de même pas possible d’obtenir le consentement écrit d’un des parents, la femme mineure peut recourir à une IVG en se faisant accompagner par une autre personne majeure de son choix.

ℹ️ ️Pour en savoir plus, tu peux lire les articles Avorter sans consentement parental et Enceinte et mineure.

Tu peux aussi faire le test : 🙎‍♀️ Enceinte et mineure : suis-je trop jeune pour avoir un enfant ?

Peut-on prouver qu'un avortement a eu lieu ?

D’un point de vue purement médical, on ne peut pas détecter qu’il y a eu un avortement, sauf si l'utérus a été blessé lors de l'intervention. En effet, si la grossesse était très avancée, des adhérences peuvent se former après l’interruption de grossesse.

Dans les premiers temps suivant l’avortement, il peut y avoir d'autres manifestations physiques :

  • Des saignements peuvent survenir dans les jours qui suivent l'intervention.
  • Jusqu’à quatre à six semaines après l'avortement, l'hormone de grossesse (HCG) est encore présente dans le corps et n'est éliminée que progressivement.
  • Chez certaines femmes, les règles n’arrivent pas au moment prévu ou peuvent ne pas avoir lieu pendant un certain temps.

Provoquer soi-même un avortement en secret

Si l’on pense à avorter sans que personne ne le sache, il peut être tentant d’envisager de s’auto-avorter en secret, dans l’espoir que personne ne le remarque.

❗️Les auto-avortements sont dangereux pour la santé de la femme ! Les interruptions de grossesse doivent être pratiquées uniquement par un médecin ou une sage-femme disposant des connaissances médicales nécessaires et d'une expérience suffisante. C’est ce qui est prévu par la loi. Les femmes qui envisagent un auto-avortement seules et en secret ne peuvent souvent pas être prises en charge médicalement assez rapidement en cas d’éventuelle situation d’urgence.

Je suis enceinte et personne ne doit le savoir – que faire ?

Tu te demandes s’il ne serait pas mieux de garder ta grossesse secrète. Tu envisages peut-être de recourir à une IVG anonyme, car les réactions de ton entourage face à ta grossesse te font peur. Cette situation te pèse sûrement d'une manière ou d'une autre.

Les trois étapes suivantes peuvent t'aider :

Étape 1 : 🕰

Notre souhait est que tu puisses prendre suffisamment de temps pour retrouver ton équilibre intérieur dans cette situation particulière, tant sur le plan émotionnel que physique.

En retrouvant une certaine stabilité intérieure, tu pourras mieux voir quelle décision correspond le mieux à tes convictions, et ainsi faire un choix avec lequel tu seras en paix sur le long terme.

Étape 2 : 👤

Malgré tes appréhensions, cela peut peut-être te faire du bien de te confier à quelqu’un de ton entourage : une amie, un proche ou une autre personne qui pourrait être à tes côtés ?

Peut-être trouveras-tu le courage de t'ouvrir aux personnes qui te sont proches. Souvent, il est plus facile de trouver des solutions en réfléchissant avec quelqu’un d’autre, surtout dans cette période éprouvante où tu es probablement tiraillée entre les deux décisions possibles.

Étape 3 : 👩‍💻

Si tu le souhaites et si cela peut t’aider, tu peux continuer à t’informer sur notre site et faire nos tests en ligne.

Est-ce que je veux avorter, ou bien y aurait-il un moyen de garder l'enfant ? Si tu te poses cette question, tu peux t’inscrire à notre coaching de prise de décision. Tu recevras un mail par jour pendant une semaine avec des pistes de réflexion, des conseils et des témoignages d’autres femmes. Tu trouveras toutes les infos sur le coaching ici.

D'autres sujets et conseils :

Cet article t'a-t-il été utile?